Vigilance et esprit critique sont nécessaires

Eh bien mon zamis quelle campagne ! Campagne difficile et passionnée, avec beaucoup de dialogues de sourds dans les hautes sphères, et de vrais dialogues dans les basses couches (les débats familiaux et amicaux ont été riches de mon côté).

Mais alors pour ce qui est de la soirée électorale, c'est le fiasco. Une chose est sûre, je ne me sens pas du tout représenté par tous ceux qui se sont exprimés sur les différentes chaines et stations. Un peu plus de la moitié des électeurs on voté Non, un peu moins ont voté Oui, et ils ont passé la soirée à se demander pourquoi le Non... Mais pourquoi faudrait-il se demander pourquoi ? Nous serions nous posé autant de questions si le score avait été inverse ? Il y a des choses qui dérangent et c'est la raison de toutes ces déblaterations.

D'abord l'unanimité de l'élite politique et médiatique. Je n'ai pas arrêté d'être choqué durant la campagne médiatique par les allusions blessantes des journalistes et des politiciens clairement affichés pour le Oui. Finalement, les partis qui ont communéments accès au pouvoir étaient favorables au TCE. Cette belle symbiose entre pouvoir et média aura eu des effets néfastes sur la campagne, parce qu'une fois que les gens sentent qu'on les culpabilise, ils ont tendance à se renforcer dans leurs positions, et aussi, le débat se sera décallé sur la forme, plus que sur le texte lui-même. Ce mépris des opinions adverses perdure encore après les résultats, et c'est d'autant plus douloureux que c'est maintenant que les choses deviennent importantes, et qu'il faut passer à l'action ! On catégorise, on géographise, on parque les noniens, pour peut-être les comprendre, mais surtout les contenir. Ca va être plus dur maintenant de défendre la place de la France ! a-t-on pu entendre de la bouche d'un ministre ! Les précédents traités ont subi aussi des échecs, même lors de négociations ardues auxquelles le bon peuple n'a pas eu besoin d'être consulté. A-t-on pour autant culpabilisé les objecteurs ? Chacun est libre de ses opinions encore. Et par dessus le marché, le scrutin universel est tout de même souverain. Allez-nous le trouver maintenant, ce fameux plan B, mais comment ça, vous n'avez rien prévu en cas de vote négatif de certains pays ? Et c'est vous nos dirigeants ? Pourtant il est bien question de solutions selon les cas de figures (moins de 4 pays opposés, plus de 5, etc...). Alors ça suffit la culpabilisation.

Ensuite la récup. Que les hommes et les femmes politiques pour la plupart qui se sont présentées aux tables des débats soient pour le Oui ou pour le Non, qu'ils aient été déçus, surpris ou ravis par les résultats, et quel qu'ait été leur parti, ils se sont tous approprié ce vote. Chacun pensant avoir la vérité selon ses propres oeillères ou ses propres formats. Continuité, rassemblement, rupture, etc. C'est le self service de la récupération. Aucune humilité[1], aucune écoute. Il faut à tout prix que le résultat ne signifie pas seulement une réponse à la question posée. D'un autre côté, je comprends les journalistes, les politiciens, c'est une occasion de repartir à l'aventure, de faire du papier et peut-être de jouer à nouveau aux chaises musicales... Mais ça fait mal à l'Europe, aux électeurs. Et franchement, ce n'était déjà pas probant avant les résultats, mais là, je ne me sens pas du tout représenté par tous ces orateurs. Je me suis demandé lequel choisir s'il en fallait un. Impossible, parce que chacun fini, malgré les paroles rassurantes ou les intentions prodigues, par chercher à interpréter le vote des Français. Comme s'il y en avait un seul ! Chacun voyant midi à sa porte espère en tirer bon compte, et ça, c'est franchement énervant.

Mais passons donc aux choses sérieuses ! Maintenant que la France à penché vers le Non, il y a l'attente de la réponse des autres pays[2], la réécriture du traité est indispensable, parce qu'on s'engage sur du long terme. Et voilà bien la question. Nos hommes politiques sont enfermés dans un carcan très handicapant : le court terme de leurs petites vies. L'Europe ne sera pas achevée dans un, deux, cinq ou dix ans. Les intérêts économiques et financiers ne peuvent se permettre autant d'attente. Et c'est pourquoi on nous presse sur un texte qui règle ce genre de questions. Mais la construction nécessite plus de réflexion, plus d'acceptation des peuples.

Je ne sais pas si d'autres en votant Non ont voulu dire quelque chose. Moi, j'ai voté Non pour signifier que la construction européenne est quelque chose de plus sérieux que le texte qu'on nous a soumis, et que je souhaite être mieux impliqué dans ce processus. Si demain on nous demande à nouveau notre avis sur un texte de constitution européenne, j'espère que tout d'abord chaque Européen aura pu, même par le biais d'une véritable représentativité démocratique, être consulté sur le contenu, et sur la décision finale. A partir de là, mon vote sera sans doute celui de l'acceptation. Pour ce qui est du court terme, des enjeux économiques, sociaux et politiques immédiats, ainsi que de vos intérêts particuliers, continuez donc a faire des traités...

Pour ce qui est de maintenant, il faut rester vigilant pour que le Non des français soit bien pris en compte, et qu'il soit respecté. Toute interprétation est juste un croche-patte au simple message : Non au TCE.

EDIT :

A noter la revue de blogs de Bix, l'avis éclairé de MrPeer, la saine colère de Nonal que je partage, le sentiment mitigé de DaBourz, et du tout et n'importe quoi, mais en bien du coté de chez Publius (c'est passionnant). Je découvre aussi qu'un type bien n'a rien compris et c'est très con (j'ai envie de faire une réponse point par point... si j'ai le temps).

Et pour finir une petite vidéo (via David) :o)

Notes

[1] J'ai tout de même trouvé, et c'est une bonne surprise, que Jean-Marc Ayrault est un des rares hommes politiques à avoir fait preuve d'humilité et de temporisation au cours de la soirée.

[2] J'espère que ceux qui ont choisi le scrutin universel ne vont pas se rétracter par peur de l'opinion publique.

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