Le football c'est politique !

Par manque de crédit, et suite à un lâchage progressif par l'opinion publique de son bien aimé président et de ceux qui l'accompagnent, les écrans de fumée perdent peu à peu de leur professionnalisme.

Le plus imposant des enfumages du moment est sans conteste celui de l'aventure lébleus (expression de Daniel Schneidermann indiquant l'emploi compulsif et gourmand d'une expression comme "les bleus", par les plus audimatés du quatrième pouvoir ; il y en a d'autres comme lémarchés ou lémédias).

C'est une pièce en trois actes, mais commençons par l'introduction.

Après la qualification manuelle de l'équipe de France pour le grand rendez-vous international du football, il en étaient qui se sont interrogés sur la légitimité de cette victoire et de ses conséquences. Mais peu finalement, parce que les enjeux financiers et politiques sont bien trop importants : marché de la Hi-Fi, agences de publicité, sponsors gigantesques ou encore ouverture des paris en ligne pour l'un, enfumages et engouement national pour l'autre. En effet, avec ce sport si populaire et dans un contexte délicat concernant l'opinion publique, la France au Mondial serait une occasion rêvée de faire passer en discrétion les réformes difficiles du droit pénal et des retraites. Nos bons ouvriers, les yeux fixés sur leur nouvel écran 3D acheté à crédit ne penseraient pas à protester, quant aux autres, ils finiraient par s'attacher à cette équipe de France qui, championne du monde puis vice-championne a su gagner le cœur des plus réticents par le passé. L'engouement aidant, les Français partiraient en vacances le cœur léger, dépensant sans compter, ce qui participerait à relancer l'économie nationale !

Acte 1 : les augures n'étant pas bonnes lors des matches amicaux, il fallut d'urgence trouver le cas échéant des roues de secours à nos écrans de fumée. La pravda est convoquée, entre crise des banques, Strauss-Kahn, marée noire, burqa et notation de la France, on nous tricota un joli paravent, qui n'a malheureusement pas suffit à dissimuler les tentatives d'escouades portées aux retraites et à l'enseignement. Les craintes se confirment lorsque commença le tournoi, et la déroute de nos footballeurs, pourtant aux petits soins de notre chère bonne ministre maternelle des sports et de la santé.

Acte 2 : défaite insupportable contre la verte et sémillante équipe du Mexique, bien plus motivée que nos schtroumphs. "Il faudrait un miracle" fut le mot du jour. Patatras, le beau parcours de l’équipe est remis en question, adieu les superbes projets de réforme et de relance économique par le rêve ! Pire la presse plus indépendante (Mediapart en l'occurence) était sur le point de soulever un terrible lièvre mettant à jour une nouvelle fois les magouilles de ministres, les gourmandises du pouvoir et le peu d'indépendance de la justice. C'est là que la pravda sportive va jouer un jeu capital, une idée de génie ! Ce match avait été tendu, c'était évident. On avait vu le grand schtroumph livide et décontenancé, Schtroumph grognon avait même été sorti en deuxième mi-temps, l'occasion rêvée coco, on va vendre du papier... Dans un match difficile il est normal que les tensions s'expriment. Si des injures, aussi courantes que cela ont fusé, c'est parfaitement normal. Que cela se soit su en dehors du cercle des personnes concernées aussi. Le journal donc a choisi de mettre le feu aux poudres, en faisant de ce non événement un scandale. Génial parce qu'il suffisait après de contempler les dominos s'écrouler. Génial parce que l'équipe de France redevenait rentable ! On allait assister à la saga de l'été. Et ils sont nombreux ceux qui avaient quelque chose à dire dans les télés, radios, journaux, sites internet... Il fallait les voir, lémédias se ruer sur chaque bout d'information, juges et parties : "propos scandaleux", "putch", "communiqué de presse ridicule"... Tout pour accentuer l'immaturité des footballeurs Français en prenant soin de mettre de côté les vrais raisons du scandale. "Communiqué ridicule" parce que justement il dénonçait le battage médiatique qui a provoqué l'expulsion d'un des leurs. Lémédias se sont unanimement lancés dans la mise en place d'un écartement systématique de tous ceux qui pouvaient les accuser. Quelques intervenants qui tentaient de soutenir les bleus se faisaient vite interrompre. On multipliait les "sondages" webs interrogeant l'opinion publique sur les "responsables de ce fiasco". Alors, la fédération, le sélectionneur ou les joueurs ? Noubliait-on pas que le battage médiatique est en réalité plus que responsable de ce fiasco ? Avec de gros chiffres à la clé, ce sont les joueurs qui sont désignés du doigt : indescence de l'immaturité gâtée de cet ordre régulier, isolé dans sa tour d’ivoire et "irrespectueux" du drapeau. Même certains journalistes que l'on pouvait croire encore indépendants finirent hélas par afficher leur belle solidarité avec lémédias.

Acte 3 : La défaite. Ce qui devait arriver. C'en était fini du beau rêve bleu. Le temps du musellement est alors arrivé : aux lendemains d'une brillante chronique drôle mais trop réaliste sur les agissements de nos ministres, Stéphane Guillon se fait retirer sa tribune, pour injures répétées, et son compère Didier Porte prend le même chemin par la même occasion, ne nous embarrassons pas des détails. De son côté Médiapart se voit attaqué par la milliardaire téléguidée Bettancourt, afin de mettre hors ligne les enregistrements compromettants pour l'état, voire de mettre la main sur les originaux. Et lébleus ? Aux dernières nouvelles, quelques uns veulent tout balancer. Mouais, encore du croustillant. Pour éviter les vagues, on convoque des joueurs à l'Elysée... On va bien trouver des rebondissements dans les prochains jours. Il faut absolument trouver une occupation à nos cerveaux trop disponibles. Et surtout faire oublier les affaires et ceux que l'on veut museler. S'il y avait un goulag en France, on saurait qui y mettre.

Cela va durer tout l'été. Et d'autres belles histoires vont nous être racontés pour nous tenir en haleine. Nos dirigeants perdent de leur adresse, mais restent encore très agressifs. On peut le dire, nous ne sommes pas dans une démocratie saine.

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