Oui ou non

J'ai déjà exprimé mon intention de voter "non" aux élections européennes, sans pour autant être un "nonien" convaincu (à l'époque). Certes, d'un point de vue idéologique c'est stupide, mais je ne dispose pas de beaucoup de moyens de pressions, alors j'use de celui-là. La richesse des blogs, des sites et des articles[1], sans me plonger dans l'embarras, prouve qu'il y a possibilité de débats, et que les gens ne se laissent pas convaincre aussi facilement. Et je commence à me faire une opinion, même si la lecture du texte est encore à faire.

La campagne politique, elle, n'est vraiment pas brillante : calculs et divisions, compromissions, debats de surface... bof. Ce petit billet d'opinion d'ailleurs n'exprime pas non plus une idée objective (encore une fois, je n'ai pas lu le traité), mais parle plus de la forme de cette campagne.

Il y a deux ou trois choses qui m'énervent chez les "ouistes" : faire passer les "noniens" pour des non européens, menacer les votants des pires calamités si le oui ne passe pas, accepter des alliances contre nature. Euh, dans l'autre camp, on ne peut pas dire que de telles alliances aient lieu, même si le procédé de menace est également utilisé.

La dernière menace ouiste entendue[2] m'a un peu mis hors de moi : le non passe, les autres européens se moqueront du vote français, le traité renégocié sera pire, sachant que seuls les Français sont moins libéraux, et la France perdra sa crédibilité. Grrrrrrr, est-ce une raison pour que ceux qui votent selon leurs opinions et leur intelligence s'en sentent coupables ? Est-ce une raison pour s'abstenir de voter selon ce que l'on pense ? Depuis quand doit-on se contredire pour alléger le travail diplomatique et politique de nos élus ? Lorsque j'ai voté Chirac en 2002, c'était non pas pour un interêt supérieur, mais pour que le moins pire gagne, pour que l'immonde perde, plus exactement. Je l'ai choisi en mon âme et conscience, et si Chirac était à cent lieues de représenter mes opinions, je n'ai pas eu à me contredire dans mon vote : rejet de la haine. Ici, on nous fait passer des vessies pour des lanternes : ne votez pas selon ce que vous pensez, mais dans l'interêt de la France au sein de l'Union, de façon à ce que notre boulot à nous, élus et hauts fonctionnaires, soit allégé, c'est à dire, que nous n'ayions pas une position anti-libérale à défendre, mais que nous chantions de concert dans le choeur Européen. En somme étouffez le peu de social-étatisme qui vous reste, il est soluble dans l'union. Oui, ma réaction à de tels argument est une réaction de nonien. De non-libéral, en fait. C'est à nos élus de faire leur travail de transmission de l'opinion française après tout. Je ne sais pas où j'ai lu ça[3], mais l'idée que le vote oui est un vote de résignation tandis que le vote non est un vote de conviction, c'est vraiment une drôle de balance !

Non-libéral, moi ? Bien sûr, et des arguments comme ceux de Jacques Généreux, "nonien", font également mouche :

La France n'a-t-elle pas eu une forte influence dans l'élaboration de cette Constitution ?
Non. En tout cas, lorsque nous avons obtenu un mot, les néolibéraux ont obtenu une phrase. On obtient d'accoler "équitable" au mot commerce, mais, dans la Constitution, cela devient "commerce libre et équitable". Nous plaidons pour une économie sociale de marché, et cela devient "économie sociale dans un marché libre et compétitif". C'est la première fois dans l'histoire de l'Union européenne que la libre concurrence apparaît comme un objectif.

Ca me parle, en effet, parce que j'ai alors la nette impression qu'il y a comme une tentative de duperie dans tout ça. FrançoisPhilippe, qui a lu le texte, a essayé de comprendre une rédaction ardue, des formules inaccessibles au plus grand nombre... Un flou qu'il va falloir tout de même ratifier. Saurai-je exactement pour quoi je vais voter en ayant lu le texte ? Je dirais même que la question importante, déterminante pour moi est : ce flou cache-t-il une intention de dissimuler des choses ? Evidemment, un bon nombre de ceux qui sont capables de lire le document sont en mesure de nous avertir si tel est le cas, mais il est tout de même difficile de tout démêler, il y a tellement d'enjeux, tellement d'opinions, de contradictions entre les arguments, que je ne suis pas sûr que prêter l'oreille à l'un ou à l'autre me ferait faire le bon choix. Il n'y a que ce qui est tangible, comme l'argument de M. Généreux cité au-dessus, que je puisse croire, du moins si j'en adopte l'interprètation.

Bon il faut vraiment que je me mette à cette lecture... Peut-être dégagerais-je des arguments tangibles en faveur du oui, en faveur du texte. Mais je sais déjà que je ne voterai pas par compromission, ni par défaut.

Notes

[1] Je vous recommande le Big Bang Blog de Daniel Schneidermann et David Abiker, une source délicieuse et passionnante d'idées.

[2] indirectement sur France inter, voir aussi la raison numero 18 ; Page 11 du Oui socialiste (doc PDF).

[3] Si quelqu'un trouve, ça m'intéresse.

Commentaires

1. Le vendredi, avril 8 2005, 16:10 par Philippe

euh...
ce n'est pas françois mon prénom, mais philippe ;)

Toutes mes confuses, c'est corrigé /o\

2. Le vendredi, avril 8 2005, 16:46 par Philippe

j'y pense tout d'un coup... et le trackback, hein ? où qu'il est ? :)

C'est vrai ça ! Bon c'est parti !

3. Le vendredi, avril 8 2005, 17:36 par Philippe

content de te connaître ! :)
A bientôt.

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