Dans la série "un rien m'énerve", voici la polémique sur les méthodes d'apprentissage de la lecture. Enfin, pas exactement une polémique mais plutôt un tir au pigeon sur les méthodes "globale" et "semi-globale". Ces deux méthodes sont en effet l'objet d'attaque violente de la part du ministère de l'éducation et d'une association réactionnaire : SOS Education. Dans le genre : si nos grands parents et nous-même avons appris comme ça, c'est qu'il ne doit y avoir qu'une seule bonne méthode, celle qui privilégie le son, plutôt que le sens ; ce qui vient du passé est forcément meilleur que ce que les enseignants de gauche emploient et préconisent : qu'est-ce qu'ils connaissent de l'éducation après tout ? Toute autre méthode est donc considérée comme "dangereuse" !
J'ai moi-même appris à lire, en 1979 à l'école Bretonneau dans le XXè, école dite "pilote", avec donc cette méthode globale, qui était alors en train de percer. Quartier populaire, multiculturel, méthode progressiste d'apprentissage de la lecture, j'avais donc toutes les chances d'échouer dans ma scolarité visiblement. Et ce n'est pas pour me vanter, mais je suis forcément un cancre inculte et illettré, comme tous ceux de ma génération. Cette méthode est sûrement un désastre. D'ailleurs, j'ai obtenu ma maîtrise de musico par accident, au fait[1].
Il paraît que les enfants qui ne savent pas lire après la primaire semblent nombreux, et particulièrement depuis l'avènement de cette méthode (mais je n'ai pas les moyens de le vérifier), ce qui fait qu'une méthode intermédiaire est apparue, la semi-globale. Mon ainé a appris l'an dernier avec KIMAMILA, méthode mixte entre le syllabique et le global. C'est efficace : on ne privilégie ni le son ni le sens, ils sont à parts égales, et son apprentissage est sans accro, il comprend ce qu'il lit, il prononce correctement, il reconnaît rapidement les mots, les confusions sont rares. Des syllabes ou des sons non encore appris apparaissent déjà dans les phrases des premières pages.
Mais voilà, ce n'est pas une méthode de grand-mêre, et donc mon garçon est condamné, lui aussi (la preuve : vous avez vu comment les jeunes d'aujourd'hui écrivent sur internet...) ! Voilà pourquoi SOS Education incite les parents collabos à dénoncer les mauvais enseignants resistants aux injonctions du ministère de notre chère patrie... (voir également le nouvel obs, via).
Les enseignants sont les plus à même d'estimer ce qui fonctionne le mieux, ils sont sur le terrain. Mais derrière tout ça, il y a une bataille d'idéologies, et ça pourri méchament le climat de l'éducation, qui n'en a pas besoin... Que le ministère donne des directives, certes, mais que les enseignants expriment leur opposition et défendent ce qu'ils estiment être le mieux pour les enfants, quoi de plus normal ?
Notes
[1] A ce propos, le seul inconvénient que j'ai trouvé à cette méthode globale est la lecture musicale : j'ai eu beaucoup de difficulté à la maîtriser